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Le matériel pour l’aquarelle… sacré ?

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Oui, je vous ai habitué à des vidéos de tuto deux en un, pour débutant ET confirmé. J’aime aussi les articles poupées russes, avec une certaine richesse de contenu et quelques prises de position (toujours risquées pour une bloggeuse, hein, mais yolo).

Ici, pour que ce soit vraiment plus clair, je sépare le propos en DEUX ARTICLES. Je vous donnerai dans un prochain article la liste de mon matériel, et de celui que je conseille aux débutants. Mais dans ce premier article, je vais uniquement vous parler de notre relation à ce sacré matériel / matériel sacré… et ce que j’en penses.

Ha ce fameux sujet ! Une question sur deux posée à une artiste aquarelliste sur les réseaux sociaux concerne le matériel (allons, j’exagère à peine). Quelle déception parfois pour un artiste, qui aimerait échanger à propos du choix de ses sujets, de lumière et de couleurs, de ses sensations et de ce qu’il essaie de véhiculer… Et paf une énième question sur son papier. A tel point que désormais, beaucoup de publications d’artiste aquarelliste s’accompagnent d’une liste du matériel utilisé avant même un titre ou une description de son inspiration.

J’ai la désagréable impression alors que la technique et le matériel prennent le pas sur l’expression artistique.

Maitriser la technique serait devenu un but en soit. Un but se suffisant à lui même.

SNIF

J’ai l’impression que c’est particulièrement vrai pour l’aquarelle. Mais pourquoi ?

Un medium difficile et magique

Et ce que la technique serait plus importante que le sujet à l’aquarelle ? C’est vrai que le medium est difficile. La maitrise du cycle de l’eau est une gageure. Du coup, maitriser la technique est bien une victoire en soit !

Et il y a une sorte de magie à la maitriser. J’ai parfois l’impression qu’en stage avec un grand maître, lui poser la question du pinceau qu’il utilise va permettre en achetant le même qu’elle / que lui d’acquérir son “pouvoir”.

Mais c’est une vision trop radicale des stagiaires. Si pour me corriger j’essaie d’extraire de ma mémoire mes jeunes années d’aquarellistes… Je me rappelle alors bien avoir acheté quantité de livres (oui internet n’était pas si bien pourvu à l’époque), avide d’informations. Et avoir bavé devant les étals des marchands de couleurs. Je ne pensais pas acquérir un pouvoir, non. J’étais simplement face à un savoir procédural qui est un peu long à acquérir.

Plus que pour un autre médium ? Je dirai que (attention prise de position dangereuse) OUI.

Il y a ce danger qui nous prend lorsque nous laissons l’eau danser dans les flaques. Ce timing tellement serré entre une surface humide et un surface mate dans laquelle on va pouvoir retirer des blancs, avant que le papier ne soit sec, …

Et plus simplement, parce que le choix du papier est plus complexe que le choix d’une toile pour l’acrylique. Pareil pour les pinceaux, il y en a de plusieurs sortes qui vont influencer votre pratique. Je reviendrais dessus dans mon second article, bien sûr. Pour les couleurs, je trouve que c’est plus clair. Quoique pour le débutant il y ait ce fameux choix entre tubes et godets… Et si l’on s’intéresse aux accessoires et autres additifs … alors on a la tête bien farcie et on ne sait plus que choisir. Copier un “maître” et acheter ce qu’il nous dit utiliser parait alors une solution valable.

Ce sacré mauvais matériel

Ajoutons que de manière générale le matériel de mauvaise facture est une plaie pour le débutant, source d’incompréhension et d’abandon de la pratique dans la souffrance… Tel pinceau perd ses poils ou ne retient pas assez d’eau… Tel papier gondole ou ne nous autorise aucun contrôle… Erf !

Tenez, il y a quelques temps j’avais entrepris d’acheter quelques fournitures en gros pour mes cours, pour des initiations. Des couleurs d’une marque inconnue et très abordable. Impossible de réussir le moindre exercice avec… que ce soit une simple fusion, un lavis, rien. J’avais acquis des couleurs visqueuses, granuleuses, qui ne se mélangeait pas bien et ne se diluaient même pas bien, un comble pour de l’aquarelle ! Et les pinceaux ! Que n’avaient-je acheté de bon vieux Raphaël des familles, avec leurs pointes sûres… Nan, des Wingo sans aucune tenue ni pointe, pfff inutiles. J’ai finit par prêter mes inestimables Isabey, on n’en aurait encore pas finit sinon. ça aurait été comme vouloir faire aimer la peinture avec ces petits pinceaux déroutants au poil noir et dru que l’on trouve dans les vieux kits de gouache d’écolier, vous savez ? Ha oui c’est sûr que lorsque l’on passe d’un matériel très peu cher à un matériel de bonne qualité, on a l’impression de trouver le graal et notre pratique s’en trouve tellement facilitée que la fièvre du matériel peut nous prendre.

Morale : Débutant ? Peu de moyens ? Visez les prix moyens ! Le très peu cher est une dépense inutile.    

Ce qui me fait me dire en passant que l’aquarelle peut être une pratique plus chère qu’il n’y parait. Mais les fournitures hors de prix sont également inutiles ! Les jolis boites de fournitures précieuses sont des gourmandises de noël uniquement.

Par ailleurs, une fois que l’on a la maitrise, la fourniture devient secondaire. Il m’arrive de commencer un tableau avec le pinceau que j’emploie pour mélanger les couleurs et de ne plus le lâcher alors que je devrais revenir à un autre, toute à la hâte de voir apparaitre mon sujet. J’en suis parfaitement consciente alors mais je m’amuse d’être “capable” de m’en sortir avec n’importe quel outil. Bref, le matériel a été sacré pour moi. Il ne l’est plus.

Peut être que savoir utiliser le bon outil au bon moment est un but en soi…

Mais un but à dépasser ?

Le matériel c’est personnel

Je me dois de préciser que comme tout le monde, au bout d’un moment, j’ai eu mes outils préférés. C’est pour cela aussi qu’on ne devrait théoriquement pas demander à son voisin les références de son matériel. Lui, il a fait un effort pour rechercher ses préférés. Si vous n’allez pas plus loin dans la compréhension des propriétés du dit matériel, vous vous privez de cette recherche. Ce qui est très mauvais pour la recherche de votre style.

En effet, désolée pour ceux qui le cherchait, il n’existe pas de “meilleur pinceau d’aquarelle du monde”. Hé non. Il existe de mauvais pinceaux : les moins chers. Mais dans les essentiels d’un prix moyens à cher, entre 1. les pinceaux à lavis et 2. les pinceaux ronds de type petit gris (bonne rétention d’eau) ou 3. les pinceaux ronds de type poils de martre (plus nerveux, bonne élasticité), la différence ce n’est pas la qualité mais bien leur propriété d’absorption et leur souplesse. Ils ont tous les trois une raison d’être dans la pratique de l’aquarelle. Oui, alors oui, il y a bien toujours un petit plus entre les pinceaux chers et les pinceaux moyennement chers, différentes qualité de martre (+ rouge vs +++ Kolinsky – Tobolsky) par exemple. Cependant, je dirais que pour un aquarelliste débutant à confirmé, ce n’est pas le problème. En tout cas, il faudrait en essayer un de chaque grand type si vous voulez savoir ce qui convient le mieux à VOTRE pratique. Quand j’ai commencé, je faisait TOUT avec un pinceau à lavis simple, petit gris, moyen. C’est à force d’essais et de pratique que j’ai composé ma trousse.

Il y a peut être une exception pour le papier : sans doute que l’Arches a tout de même la palme. Toutes les vidéos d’essais de papiers en ligne vous le disent.

Mais tout se discute ! J’ai commencé avec le Canson que me conseillait Jean-Louis Morelle et j’ai atterrit sur un papier en cellulose parce que les retraits que j’arrive à faire avec correspondent bien à mon style. Mais j’avoue que de temps à autre, lorsqu’il se délite à force de repasser dessus, le 100% coton me manque un chouille.

Bref, je sais c’est terrible de lire un article pour rechercher de l’information et de se faire dire : ça dépend de votre pratique ! Je vous ferai une liste bien pragmatique pour débutant, promis. Mais promettez moi de faire vos propres recherches au fur et à mesure.

Une passion

Je ne peux pas vous parlez du pourquoi sans parler de passion… L’aquarelle on tombe dedans. De manière assez exclusive souvent. En attendant de maîtriser la technique, décortiquer le matériel peut être une vraie partie de la passion en soi.

C’est vrai que cette recherche technique passionnée est plus facile à exprimer sur les réseaux sociaux que la partie “critique artistique”. On a vite fait d’être bien maladroit à cet exercice. Donc pourquoi pas après tout.

Comme quoi écrire peut aider à réfléchir… Je suis réconciliée avec les questions techniques on dirait ! Prête pour l’article suivant du coup !

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L'aquarelle est le défi favori de Felicia depuis 20 ans. Bien qu'elle ait essayé diverses techniques, elle aime l'eau et sa « douce complexité ». Sa première exposition remonte à 2011, elle réalise des peintures en direct. Puis elle se consacre à sa carrière numérique. Depuis peu, elle peint à nouveau des portraits, quand l'histoire la touche. Comme ses portraits montrant l'évolution de sa fille, avec une réflexion sur le passage à l'âge adulte. Les sans-abris photographiés dans le métro parisien sont aussi un fil conducteur dans ses productions. Elle prend beaucoup de plaisir à donner plusieurs cours depuis 2018, à l'atelier du Cléo (Poitou) et dans son milieu professionnel. Aussi, dès le confinement, cela lui a semblé génial que de combiner tout cela avec une chaîne YouTube comprenant des tutoriels pour tous les niveaux d'aquarelles et des portraits en time lapse. Sa pédagogie repose sur le lâcher prise, la confiance en soi, dans la proximité et la bonne humeur.

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